Meymand, merveille de la résidence rurale

Le village troglodytique et historique de «Meymand» est situé à l’est de la ville de Babak, au nord-ouest de la province de Kerman en Iran. Ce village est situé sur le versant sud du volcan éteint de Masahim. Ce village compte cinq étages et environ 400 logements creusés au sein de la roche. Le climat de la région de Meymand est semi-montagneux, mais les plaines à proximité ont un climat semi-désertique. La date de la formation de ce village est inconnue, mais la ville de Babak, qui se trouve à proximité, a été établie à l’époque sassanide (224 avant JC-651 après JC). Les fouilles archéologiques sur la forteresse de Meymand remontent à la période parthe (247 avant JC-224 après JC). De plus, la poterie obtenue à Meymand ressemble beaucoup à la poterie de la période sassanide, mais les motifs rupestres autour de Meymand indiquent une vie de 10 mille ans avant JC dans cette région. Ce village s’est formé au bord d’une vallée peu profonde d’une longueur d’un kilomètre. Le corps architectural de ce village a été formé en créant un espace négatif au cœur de la roche, et il a tous les éléments qui correspondent à la culture et à la vie du peuple de Meymand. Outre le canal central, les communications à l’intérieur du village se font par des parcours étroits qui sont chargés d’évacuer les eaux de surface de ce village lors des pluies. Ces parcours sont appelés Kashgar. En général, la structure architecturale du village est formée en cinq étapes, qui peuvent être distinguées en fonction des caractéristiques architecturales de chaque période. La migration de la plupart des habitants du village vers des villes éloignées et proches a provoqué l’abandon d’un grand nombre de ces unités et une grande partie du village est devenue vide de population.

میمند
Maisons rupestres du village de Meymand

Le mot «Meymand» est une combinaison de Mey (le vin) et Mand (l’ivresse). Peut-être que dans un passé lointain, les habitants de cette région ont creusé les montagnes en état d’ivresse, parce qu’une telle force et une telle persévérance ne peuvent être imaginées aujourd’hui. En effet, comment un être humain peut-il penser vivre dans l’abîme d’une montagne et au fond d’un rocher pendant des milliers d’années après l’ère paléolithique, et d’où vient une si grande motivation, qui brise continuellement le cœur de la roche et crée un refuge dans l’étreinte de la nature. C’est ainsi que l’hypothèse d’ivresse de tel peuple lors de la création de ce village ne semble pas si erronée. La création d’un refuge, qui embrasse l’homme et qui lui offre de la paix et du calme, requiert de la patience ferme comme une montagne. Dans l’accent doux de ce peuple, il y a une simplicité et une pureté inégalée qui montrent leur santé de l’âme et de l’esprit.

La première expérience à Meymand est celle de «l’intemporalité». La nuit, un silence infini couvre les kichehs (les surfaces planes créées sur le versant de la montagne, pour atteindre la hauteur souhaitée pour creuser des maisons), où il devient possible de ramper à l’intérieur du labyrinthe. Ce passage de l’extérieur vers l’intérieur se réalise à travers une porte, une porte en bois qui vous fait entrer sans effort ni méditation. Le cœur de la montagne, le centre de la matière, au milieu de la nature; C’est comme si le temps s’arrête et que le silence infini de la pierre ramène l’être humain à lui-même. Il est maintenant temps de réfléchir et c’est incroyable qu’il n’y ait plus de pensée. Le sentiment de ne faire qu’un avec le corps de la montagne vous éloigne de vous et vous relie à l’âme de la nature. Mère Montagne vous embrasse et vous vous reposez dans ses bras. Vous ne trouverez pas d’ouverture, pas même une petite lumière, les « didans » (fours à sole servant à chauffer, éclairer et cuisiner) en plein centre des kichehs, sont les lieux d’allumer le feu, et comme cette lumière qui monte de l’intérieur et qui vous illumine est poétique.

Les kichehs sont des lieux de confort. Peut-être que l’interprétation la plus proche du foyer peut se résumer en plein sens du mot dans ces espaces. Se reposer sous un toit en pierre, relié au mur et au sol. C’est l’unité de tous les éléments qui vous donne le sentiment d’être enlacé. Le son de la hache d’un homme peut encore être entendu depuis des siècles. Sur le mur, la place des outils sont reconnaissables. La place du grand plateau, la place du narguilé, la place du târ, le mur est creusé en fonction de la taille de chaque outil. Les murs noircis par la suie font preuve du feu qui pendant des années, au prix de sa chaleur et de sa lumière, a obscurci les yeux des habitants de Meymand, les gens empathiques qui s’asseyaient autour de ce feu et qui se sentaient heureux par cette chaleur. Cette suie elle-même est la raison de la durabilité du corps en pierre de ces kichehs.

Tout est vierge, même la porte en bois de kicheh, qui est faite avec des connexions à rainure et languette et qui se verrouille avec un «keydon» (un élément en bois qui est installé sur le mur à côté de la porte, dans lequel on mettait la clé en bois en forme de L, pour attraper la languette derrière la porte et empêcher la porte de s’ouvrir). Les portes courtes de la maison, tout en indiquant la petite taille des habitants, sont le reflet d’un remède contre le froid hivernal. L’été est la saison du mouvement et du déplacement, la saison des migrations. Les habitants de Meymand coulent comme la nature. Ils s’agitent avec la lumière et la chaleur, comme des ruisseaux qui coulent dans les plaines (il s’agit de la plaine qui entoure Meymand, pendant l’été les habitants de Meymand s’adonnent à l’agriculture et au jardinage dans cette plaine). La plaine est la promesse de la vie. Un renouvellement après l’isolement dans la grotte. Le prix de la patience pendant l’hiver froid est donné par les fructueux résiniers, grenadiers et mûriers dans la plaine où les maisons se forment simplement. Les Gombehs (des éléments architecturaux des plaines autour du village de Meymand, avec un mur en pierre d’une hauteur de 180 cm et un toit en bois) avec un court mur en pierre, ont un toit en bois et en épines. La simplicité est l’un des traits caractéristiques de cette architecture ancienne. Ici vous ne trouverez aucun ornement que la virginité de la nature. Pas un ornement, pas un ajout à l’originalité. L’élevage est un fait qui distingue les déplacements des habitants de Meymand des autres déplacements. Les animaux vivent dans les Saraghols (écuries), l’homme se déplace seul. Des saragohls en pierre et en bois sont situés dans la partie sud de la plaine et au bord de la rivière. Les résidents s’installent à cet endroit pendant la saison de reproduction des animaux. Le reste des saisons, un groupe reste avec les animaux. Dans les saraghols, ils s’occupent de l’élevage, dans les plaines, ils s’occupent du jardinage et de l’agriculture, et dans le village troglodytique, ils s’occupent de l’artisanat.

La vie à Meymand est le résultat d’un passage. Passer du froid au chaud, du cœur de la montagne au milieu de la plaine, laisser et partir, vivre l’instant présent. Les outils n’ont d’autre fonction que de répondre aux besoins. C’est seulement l’homme né dans la montagne qui est capable de ce mode de vie. L’appartenance empêche le mouvement. L’appartenance s’incarne dans le déplacement, il faut comprendre l’instant et non le temps. C’est ainsi que l’intemporalité se réalise. Les habitants de Meymand pratiquent constamment l’adaptation, ils s’adaptent et s’harmonisent sans cesse avec la nature.  Ils prennent des matériaux de l’environnement et construisent un logement. Les matériaux sont vivants, elles changent avec la nature et sont réutilisés grâce aux modifications faites par l’homme. Les pierres tombées seront réarrangées. La maison est comme un vêtement conforme à la vie humaine, qui s’allège quand il fait chaud et qui s’alourdit quand il fait froid, comme les gombehs frais estivaux des plaines et les cryptes troglodytiques hivernales du village.

Ça fait longtemps que les didans sont froids et vides. Ils ne se retrouvent plus dans le cercle familial autour du feu. La famille s’est raccourcie, le long arbre généalogique s’est transformé en perles séparées les unes des autres, les jeunes sont partis en ville, leur migration s’est allongée et ils se contentent d’une courte visite par an. Les dos courbés et les visages ridés des personnes âgées de Meymand font preuve des vies difficiles de cette génération. Ils ont payé le prix de la chaleur et de la lumière du foyer par leurs yeux, les yeux obscurcis par la fumée du feu, qui attendent maintenant le retour occasionnel de leur jeunes. Les traces historiques des villageois sur le mur extérieur des kichehs montrent qu’ils se mettaient à l’abri dans les greniers contre l’attaque de l’ennemi et des animaux prédateurs. Aujourd’hui, l’ennemi de ce peuple est la vie citadine, à laquelle il n’y a pas d’échappatoire dans n’importe quel grenier. Les jeunes de Meymand préfèrent vivre dans les banlieues des villes au lieu de vivre durement dans le village et le village subit ainsi une perte. C’est le début de la fin du récit de milliers d’années de vie à Meymand.

Meymand, comme un modèle unique, a attiré l’attention des touristes. Ce qui saute aux yeux du touriste plus que la vie et l’identité de ses habitants, c’est le corps de pierre, le type de construction et le mode de communication spatiale qui régissent l’architecture du village. Cette attention peut sauver le corps de Meymand et non son âme. Ce qui subit peu à peu les mutations du monde moderne, c’est la vie des habitants de Meymand, qui est influencée par le comportement des touristes. Profiter des équipements urbains change le mode de vie des habitants de Meymand et au fil du temps, il sera remplacé par des comportements dramatiques et irréels pour attirer les touristes. Comme l’électricité, représentante du monde moderne, a supprimé le feu des kichehs, pour la migration au printemps et aller vers les saraghols, la mollesse a remplacé l’excitation et la vitalité, ce qui invalide la nécessité de cet événement et l’imagination d’un avenir sec et stérile pour les arbres dans les plaines n’est pas si difficile.

Meymand, ce refuge de paix, cette verte prairie, ce pâturage vierge, où le temps s’arrête et où le ciel embrasse la terre, ce lieu dont les habitants ont préféré le sublime au désir pendant des milliers d’années, aujourd’hui, tranquille et calme, attend un avenir extrêmement différent de son passé.

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